lundi 8 mars 2010

Presse 2010

Votre serviteur à l'honneur en pleine page dans le quotidien SUD-OUEST le 18/ 2/ 2010


BIARRITZ. À l'initiative des Amis du théâtre, le capitaine revit sur la scène du théâtre "Le Colisée"
Dreyfus lui-même


Le comédien David Arveiller incarne un Alfred Dreyfus très convaincant
(PHOTO PATRICK BERNIÈRE)

Dans la saison des Amis du théâtre, ce n'est pas un spectacle comme les autres. En organisant trois séances scolaires, deux séances grand public (1), et un débat, ce soir à 18 heures à la médiathèque de Biarritz, l'association a voulu donner à « Dreyfus, l'affaire » un retentissement supplémentaire.
« Nous sommes en recherche d'une programmation équilibrée, et de spectacles engagés, par leur thème ou par leur forme, explique Cathie Simon-Loudette, présidente des Amis du théâtre. J'avais vu la pièce de la compagnie La Lune opaline en 2008 au festival off d'Avignon, et je l'avais beaucoup aimée. Par son message de portée universelle, elle me paraissait bien correspondre à l'esprit des Amis du théâtre qui ont, depuis toujours, un rôle éducatif. » La rapidité avec laquelle les enseignants ont répondu à son appel, conviant aussitôt leurs élèves à aller voir « Dreyfus, l'affaire », lui a prouvé que son choix était le bon.
Une pièce au présent
La force de la pièce de Pierrette Dupoyet, mise en scène par Stéphane Russel, et à laquelle le comédien David Arveiller, qui tient le rôle d'Alfred Dreyfus, a apporté sa note personnelle, c'est d'adopter la vision de Dreyfus lui-même. Douze ans après son arrestation, le capitaine revit et tente de comprendre la machine infernale dont il est la victime. Toute la pièce est au présent. Évoluant au milieu d'un décor d'une grande sobriété, servi par des jeux de lumière qui accentuent le caractère dramatique des événements, David Arveiller compose, avec une diction parfaite, un Dreyfus désemparé mais doté d'une volonté de fer. Malgré l'étau qui le broie, il veut toujours croire en la justice de son pays.
David Arveiller (qui, hors de la scène, est malicieux et taquin), a toujours été intéressé par la célèbre affaire, y compris pour des raisons personnelles : l'une de ses tantes est une petite-fille d'Alfred Dreyfus. En incarnant ce rôle il défend beaucoup d'idées qui lui sont chères : pour la tolérance et la fraternité, contre l'antisémitisme, la xénophobie, le repli sur soi, bien sûr, mais aussi contre la tentation communautariste.
« Je défends, pour ma part, le creuset républicain à la française ». Et il trouve son lointain parent exemplaire aussi dans ce domaine. « Dreyfus ne se revendique pas comme juif et ne se laisse pas entraîner dans une logique communautaire. » De quoi alimenter le débat de ce soir à la médiathèque.
Perrine Dauger est Lucie, l'épouse d'Alfred Dreyfus, celle qui lutte dans l'ombre pour son mari. La jeune comédienne dont la grâce et la force de caractère illuminent la pièce est également la voix de Mathieu Dreyfus, le frère d'Alfred, et de tous les intellectuels qui oeuvrent à sa réhabilitation. « Elle représente aussi, dit-elle à propos de son personnage, le retour au monde des vivants. »
Élève de première au lycée Cassin, Juliette, 16 ans, a été emballée par la pièce, découverte mardi après-midi. Elle a tout aimé : « Le jeu des comédiens, les jeux de lumière, la simplicité du décor, et le texte avec tous ces silences qui distillent l'angoisse. » Elle connaissait déjà l'affaire Dreyfus pour l'avoir étudiée en classe, mais cette approche théâtrale lui en a donné une vision beaucoup plus concrète : « On comprend que la vie d'un homme a été détruite... »
(1) La dernière représentation pour tout public a lieu samedi soir à 20 h 30 au Colisée.
Auteur : Emmanuel Planes

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